Jacques Levrat

Pourquoi et depuis quand vivez-vous sans voiture privée? Nous n'avons jamais eu de voiture même si nous avons tous les deux un permis de conduire. La raison principale est que nous n'en avons pas besoin car nous vivons en ville et travaillons en ville. Une voiture nous encombrerait et nous coûterait cher pour, au final, dormir dans un garage la plupart du temps (garage souvent payant d'ailleurs).

Quels sont les avantages de vivre sans voiture privée? Nous nous passons de toutes les contraintes liées à la voiture: pas de charges, pas de bouchons, pas de parking pas d'amendes et quand nous sortons au restaurant, nous pouvons boire tous les deux ;)
De plus, nos déplacements sont plus agréables et plus conviviaux. Nous pouvons choisir des itinéraires forestiers, champêtres ou le long des rues piétonnes en villes (très souvent autorisés au trafic vélo). Quand nous voulons nous arrêter boire verre, voir un film ou faire une course, nous pouvons laisser notre vélo à proximité immédiate sans nous soucier d'un horodateur ou de tourner le disque toutes les heures. Voyager en vélo ou en transport public c'est finalement se passer d'une immense charge mentale.
Enfin, un avantage incroyable c'est que comme nous ne sommes pas liés à notre voiture, nous pouvons faire une rando ou une sortie à ski sans repasser par le parking. Par exemple, une randonnée peut démarrer au Lac noir et se terminer aux Gastlosen! Pas besoin de retourner au Lac noir récupérer la voiture! Idem pour le ski: la dernière piste ne doit pas forcément nous ramener au parking.

Comment ce choix se concrétise-t-il dans la vie de tous les jours? Tous les déplacements dans un rayon de 10 à 15 km se font en vélo. Au-delà, nous pouvons facilement mélanger bus, train et vélo ou encore bus, train et Mobility. Dans tous les cas, la flexibilité est maximale car nous avons plusieurs solutions pour atteindre notre destination.

Vous arrive-t-il d’utiliser une voiture? Oui bien sûr, cela nous arrive et en général, c'est pour pallier aux faiblesses notoires du réseau de transports publics. Dans ce cas, nous louons une voiture Mobility via l'application qui est très simple et efficace. Plus le service de transport public s'améliorera, moins nous aurons besoin de recourir à la voiture. Nous avons bien conscience qu'avec une desserte de 2 bus par jour, certaines destinations deviennent contraignantes. Toutefois, nous arrivons à combiner les transports publics et le système Mobility de manière assez flexible pour minimiser les coûts et les pertes de temps.

Quels sont vos conseils pour aider les personnes à vivre sans voiture privée? Il faut juste se demander dans quelles situations une voiture est vraiment indispensable et à quelle fréquence cela arrive. Dans la plupart des cas, il y a des alternatives simples et efficaces. Souvent, on nous a demandé comment on faisait nos courses ou comment nous allions acheter des meubles chez Ikea. La réponse est que nous n'y allons plus car nous n'en avons plus besoin. Toutes les enseignes livrent à domicile et sinon, cela permet de découvrir de super magasins et boutiques près de chez nous, ce qui donne très souvent lieu à de belles découvertes et de bons moments.
De manière générale, nous passer de voiture nous a fait faire d'incroyables découvertes et fait découvrir que le trajet en soit peut être intéressant, surtout avec des enfants. Un trajet en voiture peut vite virer au cauchemar avec des enfants attachés alors qu'en train ou en vélo, nous n'avons pas connu ce genre de situation: dans le train, nos filles courent et font du toboggan dans le wagon-enfants et à vélo, nous pouvons nous arrêter n'importe où et n'importe quand.

Quelles améliorations pourraient être faites pour faciliter et favoriser la vie sans voiture privée? Clairement et sans hésiter, il faut étoffer le réseau. La voiture deviendrait moins attractive si chaque Suisse voyait s'arrêter devant chez lui 1 train ou 1 bus toutes les 10 minutes. De plus, il faudrait rendre systématique les voies réservées aux bus afin que ceux-ci ne se retrouvent jamais dans les bouchons. Ainsi les passagers auraient l'assurance d'arriver à destination dans les meilleurs délais.
Quand nous voyons que chaque voiture n'est occupée que par un (parfois deux) passager, il apparaît assez évident que la voiture n'est pas un mode de déplacement viable. Etoffer l'offre de transports publics n'est peut-être pas suffisant. Sans doute que si chaque voiture avait 2 ou 3 passagers, la situation s'en trouverait améliorée. Développer les plateformes de car-sharing pourrait sans doute faire partie de la solution.